La situation des seniors sans emploi, qui font face, plus encore que les autres, au chômage de longue durée, à la paupérisation et à la précarisation inquiète au plus haut point tous les observateurs sociaux et économiques.
En 2018, ce sont 60,2 % des 55 ans et plus qui étaient au chômage depuis au moins un an, contre 41,8 % pour l’ensemble des chômeurs âgés de 15 à 64 ans. D ’après les chiffres de l’INSEE communiqués, le nombre de chômeurs de plus 50 ans a doublé depuis la crise de 2008 (554 000 au premier trimestre 2019), et même triplé pour ceux de la seule catégorie A (916 400). Et les périodes de chômage pour ces seniors ne cessent de s’allonger. Elles étaient ainsi en 2018 de 673 jours en moyenne contre 388 pour les autres chômeurs.
Les senior s sont de plus en plus nombreux à sombrer dans la pauvreté. Il existe une forte augmentation des effectifs de la tranche d’âge des 60- 64 ans parmi les bénéficiaires de l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE) et de l’allocation de solidarité spécifique (ASS). Pour ce qui concerne le RSA (Revenu de Solidarité Active), la proportion des bénéficiaires âgés de 60 à 64 ans a augmenté de 111 % en 10 ans. Et pour l’AAH (allocation pour adulte handicapé), l’augmentation est de 192 % depuis 2010 !
Une enquête statistique du secours catholique pointait la précarisation des seniors, qui représentent désormais 1/3 de leurs bénéficiaires contre 1/4 en 2010. Il est à noter que parmi la population de seniors, la catégorie NER, seniors sans emploi ni retraite, ne cesse de s’acc ro î t re et concerne majoritairement l e s femmes. Ces derniers sont 32 % plus pauvres qu’un senior en retraite !
Un CDI pour l’emploi des seniors dans les structures d’insertion ? Les plus de 57 ans sans emploi pourront peut- être bientôt bénéficier de CDI dans une structure d’insertion, ce qui n’était pas possible jusqu’à présent. Une mesure annoncée dans les annexes du projet de loi de finances pour 2020 et qui vise à réduire la précarité des seniors.
En effet, le gouvernement souhaite mettre en place un “CDI inclusion” pour soutenir la réinsertion de ces chômeurs seniors. Cette mesure, découlant directement du pacte d’ambition pour l ’insertion économique remis début septembre à la ministre du Travail Muriel Pénicaud, va permettre de proposer aux personnes âgées de plus de 57 ans un CDI dans une structure d’insertion.
Jusqu’à présent, pour les plus de 50 ans, il était possible de demander une dérogation pour une extension d’agrément pouvant aller jusqu’à 5 ans.
Cette extension était essentiellement utilisée dans les cas où cela permettait d’accompagner les personnes jusqu’à la retraite. Néanmoins si le CDI inclusion est intéressant, il risque d’exclure les seniors les plus fragiles car ce contrat sera moins financé que les CDDI. La minoration de l’aide au poste impliquera de la productivité là où nous pouvions accompagner des personnes peu rentables.
Cette nouvelle possibilité pourra être utilisée par l’ensemble des associations ou entreprises d’insertion, soit près de 3.900 structures.